LA DÉSTALINISATION

La déstalinisation en Union soviétique commence aussitôt après la mort de Joseph Staline en mars 1953. Elle prend cependant un tour officiel le 24 février 1956, lorsque Nikita Khrouchtchev, alors Secrétaire général du Comité central du Parti communiste d’Union soviétique divulgue son « Rapport secret » à la fin du XXe congrès du Parti. Pour les dirigeants soviétiques, elle consiste à abandonner le culte de la personnalité et à dénoncer les « excès » de la période du stalinisme.

Unknown-2.jpeg

Initialement secret, le rapport n’a été publié en Union soviétique qu’à la fin des années 1980. Mais deux personnalités hors du sérail en ont eu discrètement connaissance avec la fin février 1956 : l’ennemi no 1 de Staline, le Yougoslave Tito, et la fille de Staline, Svetlana Allilouïeva. Le document fut cependant très vite connu dans le monde entier. La première information à son sujet en Occident remonte au 10 mars 1956, car il aurait été revendu aux services secrets étrangers par des communistes polonais hostiles à l’Union soviétique.

Sont dénoncées les déportations massives, les arrestations arbitraires « d’honnêtes communistes et de chefs militaires traités en ennemis du peuple », l’incapacité du dictateur dans les préparatifs de guerre.  Les prisonniers politiques sont progressivement réhabilités, de telle sorte qu’en 1957, parmi les prisonniers des camps, on ne compte plus que 2 % de « politiques »

Unknown-1.jpeg  Unknown-3.jpeg

il ne remet en cause ni l’essentiel de la politique économique (planification et collectivisation) ni la répression exercée par Staline contre les compagnons de Lénine. La critique se fonde essentiellement sur la dénonciation du culte de la personnalité . « Le culte de la personnalité est un abcès superficiel sur l’organe parfaitement sain du parti », écrit la Pravda. Seules « la glorification d’un individu, son élévation au rang de surhomme doté de qualités surnaturelles comparables à celles d’un dieu » sont à bannir car « contraires aux principes du marxisme-léninisme ». La ville de Stalingrad fut rebaptisée Volgograd. Presque toutes les statues à l’effigie de Staline disséminées à travers l’URSS furent démontées.

Unknown-4.jpeg

Le rapport constitue néanmoins un choc brutal, notamment pour les « partis frères » de l’Europe de l’Est, car il met à bas le principe de l’infaillibilité du Comité central. Les Hongrois exigent la destitution du stalinien Mátyás Rákosi et les Polonais et Yougoslaves expriment leur colère. D’un autre côté, les dirigeants installés par Staline, de même que les Chinois et les Albanais manifestent un vif mécontentement face à cette remise en cause : Mao Zedong adopte ainsi un credo « anti-révisionniste » afin d’éviter, en Chine, toute forme de déstalinisation, assimilée à un écart vis-à-vis du marxisme-léninisme. La République populaire de Chine rompt avec l’Union soviétique au début des années 1960. La République populaire d’Albanie se brouille également avec l’URSS et s’aligne sur la Chine : le régime d’Enver Hoxha demeure le seul, en Europe, à conserver officiellement des références staliniennes.

Laisser un commentaire